mercredi 21 avril 2010

Anachronisme 2.0

Avez-vous regardé la formidable série Apocalypse diffusée récemment sur
TV5 ?
apocalypse-la-serie.tv5.ca/ -

À l'heure du 2.0, quelle histoire aurions-nous raconté ?

1er septembre 1939, 4 h 30 du matin. Helmut Fritz, soldat dans la Wehrmacht suit la longue colonne de militaires qui s'étire très loin devant lui. Sans perdre la cadence de cette marche nocture, il sort de sa poche d'uniforme son I-Phone et envoie un gazouillis à helena@twitter.com : j'envahis la Pologne avec le Führer, je serai rentré pour le mariage.
À 4 h 45, l'armée allemande envahit la Pologne. Dès le lendemain, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l'Allemagne en vertu d'un traité les liant à la Pologne depuis 1921. C'est le début de la seconde guerre mondiale.

L'invasion de la Pologne a été la goutte de trop. En effet, l'historien Éric Hobsbawm, dans son ouvrage l'âge des Extrêmes (1994) http://www.monde-diplomatique.fr/1999/09/HOBSBAWM/12431, souligne que les gouvernements britanniques et français étaient enclins à négocier avec l'Allemagne malgré l'invasion de la Pologne et que c'est sous la pression de leur population qu'ils furent contraints à ne pas reculer. L'opinion publique étant èa l'époque aussi puissante que la propagande, l'une se confondant parfois avec l'autre.

La seconde guerre mondiale à l'heure des médias sociaux, ç'aurait pu donner quelque chose comme ceci :
Hitler aurait eu compte Facebook sur lequel il aurait recruté des amis selon un profil très précis : 100 % allemand, blond, les yeux bleus. Il aurait systématiquement d'être ami avec les communistes, les juifs, les homosexuels, les gitans et les intellectuels. Ses amis se seraient appelés Mussolini, Goebbels, Himmler. Son blogue aurait décrit avec minutie ses projets, sa solution finale, sa haine tout court. Son compte Twitter à l'adresse meinkampf.com aurait attiré des milliers de visiteurs et donné lieu à des commentaires immodérés pour la plupart. Youtube aurait montré un petit homme énervé répétant sans fin son célèbre salut devant le miroir.

L'histoire ne le dira pas mais si les médias sociaux avaient existé et joué le rôle qu'on leur connaît aujourd'hui, auraient-ils pu catalyser l'opinion publique, alerter les gouvernements et les presser d'agir ?
Auraient-ils pu empêcher, prévenir, alerter ?

Mon exemple n'est pas forcément le meilleur. D'autres drames se jouent à l'heure du 2.0 sans que rien ne change. N'empêche, il faut pouvoir revisiter notre histoire de temps à autre pour éviter de s'en raconter.



dimanche 18 avril 2010

Chacun cherche son chat

Bonamou cherche la femme de sa vie. Marié à 20 ans et pendant 20 ans, il a récemment divorcé et se retrouve, dépourvu et perdu, sur le marché très encombré des célibataires. Pas évident de rencontrer quelqu’un quand tu bosses à temps plein (dans un milieu d’hommes), que tu ne fréquentes plus les bars, que tu t’occupes d’un enfant une semaine sur deux et que ta vie sociale est ponctuée d’habitudes tenaces qui ne laissent que peu de place à la nouveauté.
Et comment fait-on pour retomber amoureux ? Vite si possible. Pour toujours, idéalement. On demande conseil à Johnny !



On peut aussi se rabattre sur un catalogue de type Réseau Contact.
C’est ce que Bonamou a fait. Il s’est inscrit et, dans le confort de son foyer, a commencé à chercher la femme de sa vie.
Étape 1: il suffit d’entrer ses critères, ses préférences, les attributs recherchés chez THE femme. En quelques clics, l’ordinateur sélectionne une liste de candidates qui répondent en tout point, ou presque, aux désirs énoncés. Le problème c’est que les choix proposés sont très nombreux et que pour trouver le match parfait, il faut chercher longtemps.
Une fois que l’ordinateur a sélectionné les candidates potentielles, le travail commence car c’est du boulot de tomber
amoureux.
Étape 2 : communiquer par écrit avec toutes celles qui répondent à nos critères. Et espérer qu’en retour, on corresponde aux siens!
Premier échange de courriel : on se raconte un peu. Et on attend la réponse. Quand elle arrive, on se raconte un peu plus. Et on attend la réponse. Quand elle arrive, on se livre totalement et on fixe un premier rendez-vous. En espérant que le coup de foudre tant espéré se produise. Évidemment, les premiers temps, notre ami était attiré par toutes celles qui lui rappelaient l’ex-femme de sa vie. Puis, il a apprivoisé ce mode de rencontre et est passé à l’étape 3 : la rencontre. Et il y en a eu quelques-unes...
Il y a eu celle, plus âgé, dépendante affective, qui cherchait des bras réconfortants et disponibles.
Celle qui avait envie de passer un bon moment de rigolade avec un mec sympa.
Celle dont il croyait être amoureux. Celle qui se disait prête à tomber en amour mais reculait au dernier moment; celle qui avait davantage besoin d’un psy que d’un homme; celle qui cherchait son ex, son père, son amour de jeunesse ou les trois à la fois; celle qui déballait son histoire dès le premier soir et n’avait plus rien à dire le deuxième; celle qui ne rappelait jamais.
Beaucoup de rendez-vous. Peu de vraies rencontres. Quelques émois.
Bref, au bout d’un mois de drague intense, Bonamou est toujours célibataire. En revanche, il a découvert de nombreux nouveaux restos montréalais, est allé au théâtre à maintes reprises, a assisté à de nombreux concerts et a bu quantité de cocktails originaux dans les bars les plus branchés de Montréal.
Coût de l’opération : 1000 $ et toujours pas de perle. Aujourd'hui Bonamou n'a plus le temps de chercher la femme de sa vie.... il est trop occupé à répondre aux nombreux courriels qu'il reçoit de femmes célibataires qui cherchent elles aussi l'oiseau rare!
À suivre…

Il existe une foule de liens sur Internet pour rencontrer l'âme soeur dont voici le plus populaire auprès de mes amis célibataires :

www.reseaucontact.com

Parenthèse américaine

Week-end de Pâques. Nous partons à l’aube passer quelques jours dans le Connecticut chez des amis de toujours. Nous sommes 7 dans la voiture, plus les bagages, les œufs en chocolat, le pique-nique, les divertissements pour différentes tranches d’âge, la musique, les oreillers et les couvertures.
Nous passons la frontière sans tracas et arrivons à la première étape de notre périple : Randolph. Cette ancienne gare transformée en restaurant propose des déjeuners préparés à la demande. Nous nous régalons de pancakes avant de poursuivre notre route.
Quelques heures plus tard, nous arrivons au cœur du printemps. L’herbe est verte, les jonquilles poussent, insolentes sous le soleil, les arbres sont en feuilles.
Durham est un petit village à environ 35 minutes de Hartford, la grosse ville de l’état.
Nos amis habitent l’une des plus vieilles maisons de la rue, bâtie en 1763.

Une grosse maison remplie d’histoire, de livres, de jouets anciens, de meubles familiaux.

En face de la maison, un drapeau en berne rappelle qu’un enfant du pays est mort en Afghanistan.



Au bout de la rue, l’épicerie, le marchand de graines, l’école et le parc où les petits Américains jouent à leurs idoles : James LeBron, Derek Jeter, Ronaldo...
Les enfants se précipitent dans le jardin et commencent leur triathlon : croquet, frisbee, base-ball.
Le samedi, c’est jour de promenade, de la tarte aux pommes et de la préparation des œufs de Pâques : on trempe des œufs durs dans des verres remplis d’eau colorée, on attend un peu et l’œuf ressort rouge, rose, mauve, bleu.
Direction, la rivière qui abrite, paraît-il, des trésors d’un autre temps : des pointes de flèche polies par un séjour de quelques siècles dans l’eau douce. Pieds nus, nous arpentons la rivière de long en large, attentifs aux moindres cailloux étranges et étrangers. Nous rentrons bredouilles, les pieds gelés, les vêtements trempés, les poches pleines de roches.
Déjà dimanche. Le lapin de Pâques n’a pas oublié de passer par Durham. La chasse commence à l’aube! 4 petits garçons s’élancent dans le jardin, fouillent les buissons, déplacent des pots de terre, grimpent dans les arbres, ratissent tous les recoins de l’immense jardin. Quinze minutes plus tard, ils rentrent, heureux avec leur butin.
Il fait tellement beau que nous partons pique-niquer à la plage toute proche. Nous ne sommes pas les seuls à avoir eu cette idée et partageons la plage avec des familles du coin qui semblent installer là jusqu’à la fin de l’été. Les cerfs-volants envahissent le ciel, les parties de soccer s’enchaînent, les chiens s’ébrouent dans l’eau glacée.
Repus de soleil, nous retournons à la maison et préparons déjà le retour.
À Durham, dans cette maison figée chargée de souvenirs, auprès de nos amis de toujours, le temps s’est arrêté. Il n’y plus d’avant. Il n’y a pas d’après. Juste l’instant présent qui nous fait sentir tellement vivants.

Pour planifier votre prochaine visite, voici quelques liens intéressants :

www.durhamfair.com
en.wikipedia.org/wiki/Durham,_Connecticut www.americantowns.com/ct/durham -