lundi 15 mars 2010

Y-a-t-il un psy dans la salle ?


Quand Titanic a afflué sur les écrans du monde entier, j’ai dû être l’une des seules personnes à garder la tête hors de l’eau. Je n’ai pas succombé au beau Léo. Je crois que j’attendais le bon moment pour me laisser emporter par la vague. La vague a englouti mes attentes un jour où je discutais du film avec l’une de mes amies.
- C’est triste que Léo meure à la fin.
- Léo meurt à la fin du film ?
- Ben oui, tu ne t’en souviens pas ?
- J’ai pas encore vu le film.
- Hon.
- T’en fais pas, de savoir que Léo meurt noyé sous un iceberg, ça ne me tente pas. Pas envie de me faire du souci pour lui durant 3h30 en attendant son agonie.

C’est vrai quoi. Je ne suis pas fleur bleue mais lorsque je m’attache à des personnages, j’aime bien les savoir en forme à la fin de l’histoire. Ce syndrome s’est amplifié depuis la naissance de mon troisième enfant.

Il m’arrive de commencer un film, de l’arrêter et de demander à mon chéri de me raconter la fin.
- Ben regarde le film
- Non, je préfère que tu me racontes.
- Tu rêves… regarde, ça vaut vraiment la peine.
Évidemment, c’est la réplique qui me met en colère.
- Pourquoi tu veux pas me raconter ? Ça te fait quoi de me raconter la fin ?

Exaspéré, il me raconte la fin sans nuances, sans émotion, sans rien… et cette absence d’intensité me convient tout à fait. Le film, commenté avec la même sensibilité qu’un rapport de circulation annihile mes angoisses et celles que je nourris pour le personnage.
Ce dernier redevient fictif.


Je me sens parfois téméraire : j’ai récemment osé regarder la liste de Schindler d’une traite. Le petit manteau rouge m’obsède encore.



C’est pareil pour les livres… J’avoue qu’il m’arrive parfois de regarder la dernière page d’un livre, non pas pour connaître la fin, juste pour m’assurer que mon personnage va bien.

Ma copine Geneviève m’a prêté un très beau livre de Philippe Claudel: la petite fille de monsieur Linh. Ça raconte l’errance d’un vieux Vietnamien qui prend soin de sa petite-fille. C’est touchant, c’est souffrant, c’est beau.
À la fin, monsieur Linh se fait renverser par une auto… Pendant qu’il agonise sur la dernière page du livre, je vérifie que la petite-fille n’a rien. Elle est sauve ! J’appelle Geneviève, soulagée et tellement rassurée :
- La petite fille de Monsieur Linh n’a rien !
- tu me niaises ?
- Comment ça ?
- C’est parce que c’est pas vraiment sa petite fille
- Si si, c’est sa petite fille, c’est écrit dans le titre!
- Non, là tu me niaises!
- Comprends pas.
- La petite fille, c’est une poupée. C’est la poupée de sa vraie petite fille qui elle est morte. C’est ça qui est magnifique.
- (…)



Pendant que je digère l’information, elle me repasse l’histoire à l’envers, attirant mon attention sur des détails qui auraient dû me mettre la puce à l’oreille, soulignant au gros feutre un passage évident…
Je ne l’écoute pas vraiment, je n’arrête pas de penser à la petite fille et surtout à monsieur Linh. J’espère qu’il va s’en remettre.

1 commentaire:

  1. Oh Isa! Je suis comme toi! Si le héros du livre ou de la série télé que j'affectionne meurt, je suis bouleversée!! Ça m'a fait cet effet lors du dernier épisode de 6 feet under (dont je me remets encore...!)ou encore à la fin de la série de livres de Marie Laberge (Gabrielle, Florent, etc...). C'est plus fort que moi, mes larmes coulent à flot et sont incontrôlables. On est des femmes sensibles je crois bien!

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